[Mise à jour du 23 février 2023 : ci-joint le courrier envoyé le 16 février aux élu·es de Strasbourg : Courriel DUPRESSOIR _ JUND _ SOULET ]
Depuis le marché de Noël 2022, certains espaces piétons du cœur de Strasbourg voient fleurir les panneaux incitant “les cyclistes au pas” (sic).
Ces panneaux stigmatisent une fois de plus, une fois de trop, les cyclistes. Ils sont bien plus problématiques que l’interdiction partielle de circulation frappant la rue d’Austerlitz seulement en journée, rue qui dispose d’une alternative cyclable crédible.
Cédant de façon inédite à la pression des Vitrines de Strasbourg, nos élus ont donc déployé ce qui ressemble à s’y méprendre à une interdiction de pédaler dans certains espaces du centre-ville. Nos élus nous avaient pourtant assuré fermement que cela n’arriverait pas.
Actuellement, il y a une réelle demande des cyclistes et des piétons pour améliorer la cohabitation dans le centre de Strasbourg. Il était possible de mettre en œuvre des mesures efficaces sans stigmatiser les cyclistes: il faut croire que les vieilles habitudes ont la vie dure.
Nous pensons qu’un dialogue entre les différents usagers du centre ville dans le but d’apaiser le centre-ville et notamment notre association aurait été plus constructif que de céder à la pression d’une association de commerçants opposée de longue date à la réduction de la place de la voiture en centre-ville.
Rappelons également que si les difficultés de cohabitation vont crescendo dans le centre, c’est aussi, car la fréquentation (piétonne et cycliste) ne cesse d’augmenter pendant que l’espace public à leur disposition diminue.
Dans le centre-ville, tout le monde se bouscule sur un espace réduit et personne n’y trouve son compte: piétons, cyclistes, riverains et livreurs (cyclistes ou motorisés) peinent au quotidien.
Le cycliste n’est pas l’unique variable d’ajustement. Un équilibre entre les différentes utilisations de l’espace public n’a pas été trouvé : se déplacer, flâner, livrer, faire ses courses, boire un café sur une terrasse, visiter la ville ….
On appréciera aussi le laxisme ambiant vis-à-vis des éléments qui gênent les piétons : chevalets et autres panneaux publicitaires disposés à tout va, voitures mal garées, terrasses disproportionnées,…
Dans ce contexte de multiples conflits d’usage, il est très inquiétant de voir les élus faire porter le chapeau aux seuls cyclistes. En effet, la source de ces conflits se trouve dans la manière de gérer l’usage de l’espace public !
Il est particulièrement choquant de constater l’impunité totale accordée de facto aux automobilistes dans l’hypercentre, dont la transformation en zone de rencontre depuis 2020 reste encore aujourd’hui purement théorique. Pendant que l’impunité motorisée règne, à grands renforts d’inaction flagrante, ce que nous craignions pour le vélo est bel et bien en train de se produire : le retrait inopportun de nombreux arceaux de stationnement en centre-ville n’était qu’un premier pas vers plus d’actions hostiles au vélo, qui ne résolvent rien. Beau bilan.
Actuellement, aucune solution crédible n’est mise en œuvre, ni même envisagée pour faciliter, sécuriser et rendre confortable la traversée de la Grande Île à vélo tout en protégeant les piétons. À notre connaissance, il n’y a strictement rien de prévu : ni pour séparer les flux, ni pour permettre le stationnement vélo au plus près des commerces, ni pour organiser l’espace public (par exemple en délimitant clairement l’espace dévolu aux terrasses et en prévoyant des arceaux de stationnement adaptés aux vélos-cargo), ni pour réguler les excès et les abus des plateformes de livraison, ni pour faciliter la pratique du vélotaf aux riverains du centre-ville…
Et ce n’est pas le seul “2 poids, 2 mesures” que les cyclistes et piétons subissent au quotidien : pendant que des mesures vélophobes sont prises dans les beaux quartiers, les habitants, piétons et cyclistes des quartiers populaires de Strasbourg sont tous les jours les premières victimes de la violence motorisée. Combien de temps encore seront-ils traités comme des citoyens de seconde zone, combien de temps devront-ils attendre des solutions en subissant les pires nuisances routières ?
Comment prétendre vouloir développer et organiser sérieusement la pratique du vélo quand on prend à ce point les problèmes par le petit bout de la lorgnette ? Quelle sera la prochaine étape ? Bannir purement et simplement la pratique du vélo de l’hypercentre ?
La situation en centre-ville doit être apaisée tout en maintenant la liberté de se déplacer à vélo.. Strasbourg à Vélo réclame à ce titre depuis longtemps de finaliser un itinéraire d’accès et de traversée du centre-ville séparé des grands axes piétonniers et touristiques.
Pour agir en faveur des piétons et des cyclistes, à peu de frais et à court terme, voici quelques mesures qui auraient été beaucoup plus prometteuses que ces panneaux vélophobes et stigmatisants :
- Abaisser la limite maximale de vitesse à 30 km/h dans toute la ville
- Sensibiliser les automobilistes sur les situations pour lesquelles ils mettent les cyclistes en danger et expliquer pourquoi.
- Intensifier les actions de verbalisation et les orienter fermement vers les comportements motorisés qui mettent en danger les autres usagers plus fragiles : stationnement sauvage sur trottoirs, vitesse inadaptée, dépassements dangereux, rodéos…
- Étudier deux traversée de la grande île: un axe Nord/Sud et remettre à jour le fil d’Ariane.
- Faire comprendre et respecter par les automobilistes les principes de la zone de rencontre de la Grande île : limite à 20km/h et priorité aux piétons et cyclistes
- Supprimer les places de stationnement automobile à moins de 5 mètres en amont de tous les passages piétons dans la ville pour améliorer la visibilité et enfin respecter la loi LOM (voir notre article concernant la rue de Berstett)
- Installer des arceaux de stationnement qualitatifs pour vélo et vélos cargo au plus près des commerces (s’il faut un traitement particulier dans le centre c’est bien celui-là, car ces équipements y manquent cruellement compte tenu de la densité des commerces)
Voilà qui serait autrement plus efficace que le “faux pas” de ces vilains panneaux. Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, nous demandons donc à nos élus de nous concerter et de mettre en place les mesures proposées.
Vous aimez notre travail? Pour soutenir nos actions, non seulement à Strasbourg mais aussi dans toute l’Eurométropole, n’hésitez pas à nous rejoindre via HelloAsso.
Merci pour ce bilan de la situation. Côté oppositions, SAV bénéficie-t-elle d’une meilleure écoute ? Est-ce un levier pertinent ?