Actuellement, les panneaux de Strasbourg voient fleurir des panneaux publicitaires en plastique incitant les personnes à participer à l’opération «Au boulot à vélo ».
L’objectif est louable, et STRASBOURG A VELO soutient cette opération de promotion du vélo comme moyen de transport pour se rendre à son lieu de travail et invite tous les habitants de l’Eurométropole à y participer activement.
Deux problématiques
Cette opération met en lumière deux problématiques qui nous semblent très importantes : la qualité du réseau et l’égalité face aux autres modes de transport.
C’est l’un de nos chevaux de bataille, la qualité du réseau – quand il existe – dans l’Eurométropole n’est pas bonne. Aller au boulot à vélo, c’est souvent faire entre 5, 10 ou 15 km. Il ne s’agit pas de faire une balade ou de déambuler, mais bien d’aller le plus rapidement et en sécurité du domicile à son lieu de travail. Et contrairement à ce que l’on pense, le réseau cyclable de l’EMS est particulièrement hétérogène… quand il existe.
Un coup une bande cyclable, puis plus rien, une voie verte, puis de nouveau plus rien, un petit bout de bi-directionnelle, mais avec un passage de carrefour incroyablement compliqué… Les cyclistes du quotidien savent que le réseau est compliqué, dangereux et frustrant.
Chacun aura des exemples en tête, mais l’aménagement au croisement de la rue du Landsberg et de l’avenue Jean Jaurès à Strasbourg est assez représentatif. Une bi-directionnelle qui se transforme en une voie à sens unique, puis en trottoir unique pour tous, générant structurellement un conflit piétons-cyclistes au passage. Le tout finissant en apothéose avec un trottoir commun ridicule, après la traversée du tram, où piétons et cyclistes doivent faire ce qu’ils peuvent pour s’éviter. Ce type « d’aménagement » sont hélas très nombreux dans l’Eurométropole et démontrent au mieux une méconnaissance du vélo, au pire un mépris. Forçant le cycliste à des contorsions pour passer ces parcours d’obstacles institutionnels.
Inventaire des aménagements
Nous demandons depuis longtemps, un inventaire de ces aménagements, pour que des résolutions puissent être programmées. Les cyclistes dans le cadre du baromètre de la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette) en ont signalé un certain nombre mais il est temps de changer de braquet pour enfin offrir aux cyclistes des espaces sécurisés et sans interruption, mettant fin du coup à de très nombreuses situations conflictuelles avec les piétons.
Nous lançons d’ailleurs un défi : pouvez-vous faire votre trajet de transport uniquement sur, et rien qu’avec, des pistes cyclables de bout en bout ? Dans la plupart des cas, c’est totalement impossible.
Enfin, nous demandons aussi l’égalité avec les autres modes de transport. Le vélo est le seul acteur des mobilités urbaines qui doit changer de statut en permanence et dont la continuité des axes n’est jamais garantie.
Quelle que soit la situation, un automobiliste aura toujours un itinéraire sur une route et l’on ne lui demandera jamais de quitter son véhicule ou de partager son espace avec d’autre mode. Ce n’est pas le cas pour le vélo qui doit très souvent aller sur un trottoir, sur la route, une voie verte ou pire mettre pieds à terre quand il y a un chantier. A-t-on déjà vu un panneau « Automobilistes, sortez de votre voiture et poussez-là ? ».
Pour que l’on puisse aller au boulot à vélo tous les jours, au-delà du temps de ce challenge, il faut des axes cyclables en site propre, sécurisés, bien pensés et considérer le vélo comme un moyen de transport à part entière.
C’est la condition sine qua non pour augmenter la part d’utilisation du vélo dans l’EMS pour les trajets du quotidien, dans le cas contraire, ce n’est que de la com, c’est faire de fausses promesses et mettre les néo-cyclistes en danger.