La concertation à propos des aménagements du réseau cyclable Vélostras Sud est en cours jusqu’à la fin septembre. Nous vous proposons des recommandations de contributions qui seront synthétisées à la fin de cet article.
Cet aménagement est nécessaire et attendu depuis de nombreuses années car la route de Colmar a été le lieu d’accidents mortels en raison de l’absence d’infrastructures sécurisées. Actuellement, un enfant de 10 ans habitant la Meinau ne peut pas pédaler sereinement dans la rue principale de son quartier.
Pour les cyclistes, traverser l’avenue de Colmar, c’est être sur le qui-vive entre vitesse trop élevée des automobilistes roulant à quelques dizaines de centimètres du guidon, un risque omniprésent d’emportiérage et du stationnement sauvage sur la bande cyclable.
D’après la présentation du réseau Vélostras, les aménagements cyclables Vélostras doivent répondre, entre autres, à des critères de convivialité (ne pas se gêner mutuellement), d’efficacité (possibilité de rouler à 20 km/h, connexions facilitées) et de sécurité (franchissement des carrefours, cohabitation entre piétons et cyclistes).
Le projet de réaménagement est nécessaire. Mais est-il satisfaisant et correspond-il pleinement aux critères Vélostras ? Non, et il est même dangereux en l’état sur certaines portions.
- Secteur Meinau / avenue de Colmar
Sur cette portion, la piste bidirectionnelle prévue génère des points noirs inacceptables pour un nouveau projet qui se veut sécurisant :
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- Trafic automobile trop élevé avec une estimation à 17 000 véhicules par jour
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- Conservation d’une bande cyclable étroite dans la direction Nord/Sud. N’oublions pas que cette bande a causé de nombreux accidents, la peinture n’est pas une infrastructure : elle n’a aucune efficacité en terme de sécurité. D’après les plans fournis ici, on remarque même que cette bande cyclable mesure 1,50 mètre de large. Il n’y a pas ici 1,50 m sécurisé mais seulement 85 centimètres, assez pour mourir soufflé par un camion ou un automobiliste à vive allure. D’où viennent ces mesures ? “J’trace à Stras” a mesuré 1,35 m, dont 50 cm de zone tampon qui permet à peine d’éviter le risque d’emportiérage. La conservation de cette maigre bande est dangereuse.
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- Présence d’un cisaillement de la piste cyclable et par les véhicules automobiles pour rejoindre les emplacements de stationnement motorisé. Les automobilistes risquent de bloquer dangereusement tous les cyclistes lors des manœuvres pour accéder à un emplacement de stationnement ou en sortir.Pourtant, Alain Jund, Vice-président de l’Eurométropole en charge des mobilités, s’était opposé à notre proposition de réaménagement de l’avenue des Vosges en arguant que le cisaillement avec une simple piste unidirectionnelle serait dangereux. C’est à n’y rien comprendre : d’après Alain Jund, le cisaillement des automobilistes qui traverseraient une piste unidirectionnelle sur l’avenue des Vosges serait donc plus dangereux que celui prévu sur l’avenue de Colmar pour traverser une piste bidirectionnelle ? On marche sur la tête.
La bonne solution ici, c’est la création de deux pistes cyclables unidirectionnelles : une dans chaque sens de circulation. C’est ce que nous réclamons car il faut un projet qui sécurise vraiment les déplacements de toustes les cyclistes !
Bidirectionnelle : attention aux mouvements tournants ! Les déplacements des cyclistes sur ce secteur ne se cantonnent pas à l’avenue de Colmar, mais s’étendent à l’échelle du quartier. Dans le projet actuel, les cyclistes doivent franchir les quais du tram pour rejoindre la rue de la Fédération, la rue Maréchal Lefebvre, le lycée Couffignal, la rue des Frères Eberts et la Plaine des bouchers.
L’aménagement d’une piste bidirectionnelle contraint fortement les mouvements tournants des cyclistes dans une configuration tram déjà très contraignante et défavorable au vélo.
Néanmoins, il est indispensable de traiter tous les mouvements tournants vers ces rues afin de prévenir à la source les conflits entre piéton·ne·s et cyclistes. Pour le dire autrement : si les cyclistes doivent faire un détour pour pouvoir tourner ou si la traversée est inconfortable, il y a de fortes chances qu’ielles roulent sur le trottoir d’en face pour pouvoir tourner plus facilement et en sécurité : une situation à éviter absolument.
SAV demande donc :
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- la réalisation de 2 pistes cyclables unidirectionnelles larges et sécurisées, une dans chaque sens de circulation
- un traitement rigoureux et qualitatif des intersections afin que les franchissement de la ligne de tram soit à la fois fluide et sécurisé (ce serait une grande première à Strasbourg et dans l’EMS)
- la création d’espaces de stockage pour pouvoir attendre le franchissement tram sans gêner les autres cyclistes circulant sur la bidirectionnelle (il faut prendre en compte les gabarits des vélos cargo et des vélos avec remorques : c’est essentiel pour obtenir du report d’itinéraire depuis les trajets aujourd’hui effectués en voiture et ne pas punir les cyclistes qui utilisent l’équivalent d’un coffre !)
- un angle de franchissement de la voie de tram supérieur à 60°, sauf impossibilité technique réelle (et justifiée), comme le recommande le CEREMA
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- Secteur Neudorf / avenue de Colmar, route de l’Hôpital (de la rue du Lazaret à l’Hôpital Civil)
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- Route de l’Hôpital : La piste bidirectionnelle proposée longe le trottoir. Les conflits piétons cyclistes seront inévitables. Nous proposons ici de créer deux larges pistes cyclables unidirectionnelles et de bien séparer les différents flux.
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- Avenue de Colmar : On aura ici une longue ligne droite avec certes peu de trafic, mais est ce que la vitesse des véhicules motorisés sera rassurante pour les cyclistes ? Les dangereux dépassements rasants par les motorisés seront-ils un frein pour les cyclistes les moins chevronné·e·s ?
- Secteur Neudorf / rues du Lazaret, Léon Dacheux, Rathsamhausen, Landsberg
Encore une fois sur cet axe, une piste bidirectionnelle n’est pas l’outil adapté : elle causerait de nombreux problèmes et mises en danger aux intersections, dans la gestions des mouvements tournants et pour les régimes de priorités. Il faut privilégier la réalisation de 2 pistes unidirectionnelles, une dans chaque sens. D’autant plus qu’il y a largement la place.
Nous demandons une vigilance accrue sur les angles de giration et les espaces de stockage pour garantir des traversées fluides et sécurisées sans causer de gêne pour les autres cyclistes.
La piste cyclable jouxtant le trottoir, il est indispensable d’installer un séparateur physique afin d’éviter le débordement des piétons sur la piste et garantir des déplacements confortables et sécurisés, comme le préconise le cahier des charges des projets Vélostras.
- Vigilance : des sorties de garage à niveau !
SAV rappelle que pour le confort et la sécurité des cyclistes, le relief des aménagements cyclables ne doit pas être contraint par les sorties de garage, comme cela est le cas sur le boulevard de Nancy. Les soubresauts et irrégularités entraînent un fort inconfort, notamment pour les vélos cargo, les vélos avec remorques et les vélos adaptés aux personnes en situation de handicap.
Le nouvel aménagement du boulevard de Lyon réalisé en 2022 est satisfaisant en la matière : nous demandons la même qualité de traitement pour le Vélostras sud.
Un bon traitement en altimétrie devrait devenir la norme pour tous les futurs aménagements cyclables dans l’EMS !
Les demandes de SAV en bref :
- aménagement de deux pistes unidirectionnelles pour éviter le double cisaillement de la piste par les automobilistes et faciliter les mouvements tournants des cyclistes
- des franchissements d’intersection confortables et sécurisés (à la Hollandaise), avec un espace de stockage et des angles de giration confortables (60° minimum pour les intersections tram, comme le préconise le CEREMA)
- l’installation d’une séparation physique et d’un enrobé de couleur pour éviter les conflits entre piétons et cyclistes sur la route de l’Hôpital
Pour donner de la force à nos revendications, contribuez ici à la concertation avant le 30 septembre 2023 !